Les protestants allemands présentent leurs excuses aux homosexuels

Les protestants allemands présentent leurs excuses aux homosexuels

Plusieurs Eglises protestantes allemandes demandent pardon aux personnes homosexuelles pour les atteintes qu’elles ont subies jusqu’à aujourd’hui

Photo: Scheurer Kestner CC (by-nc)

Hanovre (EPD/Protestinter) – Ralf Meister, évêque luthérien régional de Hanovre, a publiquement présenté ses excuses, fin novembre, pour tous les actes de discrimination commis dans le passé envers les fidèles homosexuels de son Eglise. «Je vous demande votre pardon», a-t-il déclaré sous les applaudissements des membres du Parlement de l’Eglise, avant le synode régional protestant réuni à Hanovre. Sur le sujet des unions homosexuelles, l’Eglise régionale a derrière elle plus de 30 ans d’un «chemin long et nourri, riche en débats et en controverses», a affirmé le théologien.

Ces dernières décennies, nul autre thème n’a fait l’objet d’autant d’ardeur et de passion, «mais aussi, d’un point de vue théologique, d’une telle agressivité dans la quête de la vérité — attitude qui a souvent conduit à blesser des personnes et perpétuer des discriminations sociales» que celui-ci, a estimé l’évêque. Vis-à-vis de l’institution du mariage, l’Eglise doit aujourd’hui adopter de nouvelles orientations. Il ne s’agira pas d’une remise en cause inconsidérée des unions traditionnelles, mais d’une plus grande ouverture.

Dans sa déclaration, Ralf Meister s’est référé à la loi sur le «mariage pour tous» qui étend cette union aux couples de même sexe, adoptée par le Bundestag à la fin du mois de juin. L’image biblique du couple réunissant un homme et une femme demeure à ses yeux le «modèle originel» de la vie à deux, car biologiquement parlant, il est la condition préalable à la formation d’une famille. «Je fais néanmoins clairement la différence entre mariage et famille. Une vie commune faite d’engagement et de fidélité entre deux personnes de même sexe sera également bénie de Dieu».

Les couples sans enfants

Le couple ne doit pas être considéré comme servant l’unique fonction de mener à la fondation d’une famille, a poursuivi l’évêque. Les auteurs de la loi fondamentale eux-mêmes ont mis une grande attention dans la formulation de l’article sur la protection du mariage et de la famille, soucieux d’éviter toute discrimination envers les couples sans enfants. Lorsqu’on considère les siècles passés, en fonction des époques, la société a porté sur le mariage un regard très différent — il a longtemps représenté un partenariat de raison, l’amour n’entrant que plus tard en ligne de compte. L’union d’un couple homosexuel ne représente pas «une déviation par rapport à l’essence de notre civilisation».

Interrogé sur la demande du tribunal constitutionnel fédéral visant à permettre la reconnaissance d’un troisième sexe pour l’inscription d’un enfant intersexué sur le registre des naissances, Ralf Meister a déclaré ne pas souhaiter s’exprimer sur une décision touchant au droit. L’acceptation de la diversité a une bien plus grande importance à ses yeux. Il a ajouté: «Certaines choses sont faciles à affirmer, mais apparaissent pour beaucoup comme une menace, car ces classifications sont associées à des systèmes de valeurs.» Tout changement peut alors être considéré comme une attaque envers l’identité propre des personnes.

L’évêque régional a exprimé son scepticisme vis-à-vis des nouveaux modes de procréation tels que la gestation pour autrui (GPA). Même avant la naissance, la relation aux parents est, selon lui, fondamentale pour le développement d’un enfant. Le théologien refuse donc catégoriquement la GPA sous toutes ses formes. Chaque individu doit de plus se voir garantir le droit à la connaissance de ses origines. «Je vois de nombreux problèmes dans cette parentalité multiple qui pourrait, dans certains cas, mener jusqu’à quatre ou cinq personnes à apporter leur touche à l’ADN d’un enfant à naître».

L’Eglise protestante du Wurtemberg s’excuse

Parallèlement, l’Eglise régionale protestante du Wurtemberg prévoit également de demander pardon aux personnes homosexuelles pour les atteintes qu’elles ont subies à l’époque nazie — et encore récemment. Selon une décision adoptée jeudi à Stuttgart par le synode régional, une commission synodale se penchera sur le sujet dans les prochains mois. Le requérant de cette mesure, Harald Kretschmer, membre du groupe de discussion «Eglise ouverte», s’est aussi bien référé aux assassinats d’homosexuels dans les camps de concentration qu’aux persécutions judiciaires exercées contre eux par la République fédérale. L’Eglise n’a jamais protesté contre ces abus; dans ses propres institutions, l’homosexualité a longtemps été considérée comme une maladie.