Playmobil ne souhaite pas produire un personnage à l’effigie de la femme de Luther

Playmobil ne souhaite pas produire un personnage à l’effigie de la femme de Luther

Catherine de Bore, le château de Wartburg ou d’autres contemporains du réformateur. Après le succès de la figurine Martin Luther, les propositions se multiplient, mais la marque allemande dit ne pas pouvoir honorer d’autres propositions hors catalogue pour le moment. Par ailleurs, elle préfère laisser libre cours à l’imagination des joueurs pour créer l’univers du personnage avec les éléments existants.

Peinture: Catherine de Bore par Lucas Cranach l'Ancien, vers 1526

, Hambourg, EPD/Protestinter

Avec 750’000 unités vendues, le Playmobil à l’effigie de Luther est probablement le plus grand succès de la marque de jouets. Mais pour la femme du réformateur, Catherine de Bore, l’entreprise dit ne pas avoir les capacités de productions nécessaires. «Jusqu’à nouvel ordre, nous n’acceptons aucune commande pour des productions externes», a répondu le service de presse de l’entreprise. La région ecclésiale de Hambourg/Holstein-Sud souhaitait financer elle-même la production de la figurine de Catherine. «Nous prendrions le risque de financer nous-même la production de 25’000 figurines», a déclaré le prévôt Karl-Heinrich Melzerau à l’agence de presse protestante allemande (EPD). «Nous maintenons notre offre», précise-t-il.

En février 2015, c’est l’Office du tourisme de Nuremberg qui a commandé la production du Playmobil à l’effigie de Martin Luther. A l’époque, les 34’000 figurines de la première édition du personnage se sont écoulées en 72 heures. L’entreprise basée à Zirndorf en Franconie a produit de nouvelles copies, si bien qu’en avril 2015, 50’000 mini-Luther supplémentaires avaient été vendus. Depuis lors, des commandes régulières de la figurine de 7,5 cm de haut ont été passées par des Eglises protestantes et autres organisations. Le personnage en robe de moine avec une Bible et une plume est devenu l’ambassadeur du Jubilé de la Réforme. Et s’il ne figure pas au catalogue officiel de Playmobil, il se retrouve parmi les meilleures ventes dans les boutiques cadeaux de nombreux sites historiques.

Ce succès a réveillé de nouveaux désirs. Une pétition sur Facebook réclame un Wartburg pour Luther, du nom du château dans lequel il s’est réfugié en 1521. Les internautes imaginent un set complémentaire «Chevalier Georges» (Junker Jörg), en référence au pseudonyme que le réformateur prit durant cette période. Cette boîte pourrait contenir des éléments du château, ainsi que des compagnons de Luther, parmi lesquels Catherin de Bore. Le fabricant n’est toutefois pas emballé par cette proposition. «Les personnages conçus spécialement sont contraires à l’idée de créativité de Playmobil», explique Anna Ermann, porte-parole de la société. «Les contemporains de Luther peuvent être fabriqués par utilisateur lui-même en faisant un usage créatif et imaginatif des kits existants.»

«Catherine de Bore n’est pas seulement un compagnon, mais la femme de Luther», rétorque Karl-Heinrich Melzerau à l’EPD. «Martin Luther ne doit pas être laissé seul.» Des propositions de conception ont même été faites. Un personnage avec une longue robe et portant un jeu de clés et une chope de bière. Un fût de bière serait aussi un accessoire envisageable. «Le centre administratif de notre Eglise à Pinneberg s’appelle Maison Catherine de Bore», rappelle le prévôt. Les gains éventuels issus de la vente d’une telle figurine seraient reversés à un refuge protestant pour femmes à Norderstedt.

Mais pour l’heure, Playmobil n’est pas convaincu. «Nous avons été très heureux du succès de la figurine Marin Luther», a déclaré Björn Seeger, porte-parole de la société. Dans de nombreux endroits, ce jouet a permis «de créer des ponts entre la salle de classe et la chambre d’enfant. Toutefois pour l’heure aucune figurine supplémentaire n’est prévue.» De plus, l’année de jubilé est presque terminée. «En règle générale, nous demandons toujours une période de lancement plus longue.»

Le prévôt Melzer espère encore parvenir à convaincre la société. «Même après l’année Luther et les célébrations de la Réforme, Catherine de Bore reste attrayante comme personnage, d’autant plus que le 20 décembre, on fêtera les 465 ans de sa mort. Et beaucoup de ceux qui ont le mini-Luther à la maison auraient aimé pouvoir mettre sa Cathy à ses côtés», a déclaré le théologien.