L'aïkido, une forme d'amour du prochain

L'aïkido, une forme d'amour du prochain

Un pasteur allemand décroche le grade le plus élevé en aïkido
Pour lui, la philosophie de ce sport de combat est tout à fait en accord avec l’impératif chrétien de l’amour du prochain.

(EPD/Protestinter)

Photo: CC (by-nc-nd) Nefertiyi

Salzgitter - Le bâton de l'attaquant brille d'un éclat mat dans la pâle lueur des tubes néon. Il fixe du regard Claus-Dieter Sonnenberg, désarmé devant lui. Puis, en un mouvement foudroyant, le bâton fend l'air – et tout aussi vite, l'issue du combat se décide. Un dénouement inattendu: Claus-Dieter Sonnenberg esquive d'un mouvement adroit, entraîne son adversaire dans un mouvement rotatif qui le désarme, et le fait tomber sans effort apparent. «Pas de problème», déclare ensuite le pasteur de 57 ans, sourire aux lèvres. Ce théologien protestant de Salzgitter est un maître de l'autodéfense, et a remporté il y a quelques semaines le 5e dan en aïkido. «C'est le grade le plus élevé qu'on puisse atteindre dans cet art martial; ensuite, il n'y a plus que des grades honorifiques», explique-t-il.

En Basse-Saxe, aucun autre aïkidoka de la Fédération allemande d'aïkido (DAB) n'avait encore atteint ce niveau. Et Claus-Dieter Sonnenberg est le premier pasteur d'une église régionale dans toute l'Allemagne à remporter une telle réussite en aïkido. Il a commencé à pratiquer cet art pendant ses études de théologie. Combat singulier, défense contre des attaques au couteau, au bâton ou à l'épée – Claus-Dieter Sonnenberg a déjà vécu de telles situations des milliers de fois. Mais somme toute, la foi et le combat sont-ils compatibles?

L’amour du prochain

«La philosophie de l'aïkido est tout à fait en accord avec l'impératif chrétien de l'amour du prochain», affirme-t-il avec conviction. Le nom japonais de la discipline se traduit à peu près par «voie vers l'harmonie des forces». Il s'agit d'entrer dans la peau de son opposant et de le mettre, si possible sans le blesser, en situation de se calmer. «Dans les autres sports de combat, il s'agit le plus souvent seulement de mettre quelqu'un au tapis.» Néanmoins, il ne faut en aucune manière se représenter l'aïkido comme un combat édulcoré, prévient le pasteur. Les aïkidokas sont tout à fait capables de blesser sérieusement quelqu'un. «Mais je ne veux causer de dommages à aucun adversaire. Je veux le dominer au niveau mental, le décourager afin qu'il mette fin à son agression.»

L'aïkido serait donc le seul art martial qu'il puisse, en tant que pasteur, pratiquer en toute conscience. «De mon point de vue, il s'agit d'une ‘autodéfense basée sur l'amour de l'adversaire', susceptible au besoin de convaincre également par le biais d'une douleur salutaire», déclare-t-il avec un clin d'œil.

Depuis plus de 25 ans, le pasteur transmet également sa connaissance de l'aïkido à des élèves, et ils cheminent ensemble sur la voie de l'harmonie. Il a déjà souvent eu ainsi l'occasion de constater le mûrissement spirituel qui accompagnait l'engouement pour le sport chez les apprenants. La voie de l'aïkido ne connaît aucune fin, il est toujours possible d'en découvrir davantage sur soi-même, déclare Claus-Dieter Sonnenberg. «Le fait que j'aie atteint le 5e dan, en réalité, ne prouve que le fait que je suis en route depuis déjà un peu plus de temps.»