Les épiscopaliens américains ont regardé en masse le mariage royal

Les épiscopaliens américains ont regardé en masse le mariage royal

Un signe fort pour l’Église épiscopale aux États-Unis que le sermon prononcé par son évêque-président Michael Curry au mariage de Prince Harry et de l'actrice Meghan Markle
Les fidèles américains se sont levés à l’aube pour l’écouter.

Photo: RNS/MariageRoyalAP Photo/Emilio Morenatti

(RNS/Protestinter)Alors que trois milliards de personnes ont visionné le mariage du Prince Harry et de l'actrice Meghan Markle, samedi 19 mai, un groupe de fidèles américains étaient particulièrement enthousiastes à regarder la cérémonie: les épiscopaliens. Depuis la Caroline du Nord à l'état de Washington, ils se sont démenés toute la semaine précédant le mariage pour organiser des soirées paroissiales, mettre à jour les sites web des Églises et trouver des cartes de bingo spécialement créées pour l’événement.

Les épiscopaliens peuvent retracer leurs origines religieuses jusqu'au roi Henry VIII, dont le règne au XVIe siècle a donné naissance à l'Église anglicane. Mais surtout, c’est un des leurs, l'évêque-président de l’Église épiscopale, Michael Curry, qui a prêché le sermon du mariage.

«Le fait que ce soit quelqu’un que nous connaissions, avec un tel message, nous ne pouvions que l’écouter prêcher la Bonne Nouvelle à la terre entière», s’est enthousiasmée Helen Probst-Mills, qui a rejoint les membres de l'Église épiscopale Emmanuel à Southern Pines, en Caroline du Nord, pour regarder l'événement à 6h30 du matin en direct. «L'important était de l’entendre tous ensemble, en même temps que le monde entier».

Coût de projecteur sur les épiscopaliens

Michael Curry est à la tête de l'Église épiscopale qui compte 1,7 million de membres dispersés dans 17 pays, y compris les États-Unis. Il est le premier évêque afro-américain de l'Église et le premier Américain à faire la prédication lors d'un mariage royal. Pour l'Église épiscopale, cette occasion a été une opportunité d’accueillir de nouveaux venus et de montrer au monde qu’elle n’est sont pas marginalisée à cause de ses points de vue progressifs sur l'ordination des homosexuels et le mariage pour les couples de même sexe.

«Malgré les menaces de scission, l'évêque-président a été invité à prêcher à un mariage royal», a relevé la révérende Susan Russell, associée principale pour la communication de l’Église épiscopale All Saints à Pasadena en Californie. «C'est impossible de ne pas être fier». L'Église épiscopale vit des moments mouvementés depuis 2003 depuis qu’elle a consacré le premier évêque ouvertement gay, le révérend Gene Robinson, dans le diocèse du New Hampshire. À la suite de cet événement, des centaines de congrégations ont quitté la dénomination pour rejoindre l’Église anglicane nouvellement formée en Amérique du Nord.

Après que l'Église épiscopale a redéfini le mariage pour inclure les couples de même sexe en 2015, elle a été interdite de pouvoir décisionnel au sein de la Communion anglicane et du dialogue œcuménique. Entre 2006 et 2016, le nombre de membres actifs a chuté de 19%, selon les dernières statistiques de l'Église épiscopale. Mais ce passé a été oublié le week-end du mariage royal, alors que tous les regards se sont tournés vers la chapelle St-George au château de Windsor.

Helen Probst-Mills et son amie, Lynn Healy, ont eu l'idée d'organiser une fête pour visionner la cérémonie deux jours après l'annonce que Michael Curry allait prêcher. Elles l’ont connu alors qu’il était encore évêque en Caroline du Nord.

Des cartes de bingo pour le sermon

D’autres observateurs de la cérémonie se sont focalisés sur les paroles de Michael Curry dans un but bien précis. Des cartes de bingo ont été créées spécialement pour l’occasion et comportaient des phrases que l’évêque-président utilise régulièrement dans ses prédications telles que «je ne vais pas parler longtemps» ou «quand vous respirez, Dieu vous appelle». L’idée consistait à cocher la phrase quand elle était prononcée.

Réalisées par l'équipe de communication du diocèse épiscopal de Fort Worth, au Texas, ces cartes pouvaient être téléchargées et imprimées pour jouer pendant la diffusion en direct. Tellement de personnes ont voulu en télécharger que le site web du diocèse a planté pendant quelques heures, a expliqué Katie Sherrod la directrice de la communication.

À la Church of the Advocate à Chapel Hill, en Caroline du Nord, une dizaine de paroissiens se sont retrouvés samedi matin tôt pour regarder en direct le mariage, a raconté Lisa Fischbeck, pasteure dans cette paroisse de 175 membres. «Si ce n’avait pas été Michael qui prêchait, nous aurions regardé la rediffusion sur YouTube. Mais il est un des nôtres, c’est inouï!

Toutes les églises épiscopales n’ont pas organisé de visionnement à l'aube. La communauté de St-Bartholomew à New York s’est retrouvée à 13h pour un goûter «à l’anglaise» avec une rediffusion l'événement. Au menu: des sandwichs au concombre, des scones et des fraises avec de la crème épaisse.