«Chaque œuvre de Jacques Perrenoud suscite une émotion»

«Chaque œuvre de Jacques Perrenoud suscite une émotion»

Véritable fruit d’une collaboration entre le lithographe vaudois Jacques Perrenoud, décédé en 2013, et le pasteur Pierre Boismorand, l’ouvrage «Luminescences» présente 52 œuvres de l’artiste accompagnées par la prose poétique du ministre
Interview.

Photo: Pierre Boismorand et Jacques Perrenoud

Qu’est-ce qui vous a donné envie de réaliser cet ouvrage?

Pierre Boismorand: Ma rencontre avec les œuvres de Jacques Perrenoud. A cette époque, j’ai été surpris qu’aucun ouvrage ne présente son travail. Alors je l’ai contacté et nous nous sommes rencontrés en 2009 à Baulmes (VD) où il habitait. Dans un premier temps, je souhaitais réaliser une monographie de cet artiste. J’ai donc commencé par faire un inventaire photographique de son œuvre qui compte plus de mille gravures et peintures. J’ai passé beaucoup de temps dans son atelier et j’ai développé une amitié avec Jacques Perrenoud et son épouse, Mona. Ses œuvres m’ont réellement inspiré et sont à la base de plusieurs de mes textes liturgiques et prédications.

Comment s’est créé Luminescences, le choix des œuvres a-t-il préfiguré l’écriture des textes?

J’ai commencé à écrire des textes lors de l’inventaire des œuvres. Je les ai montrés à Jacques et nous avons décidé ensemble de créer ce qui est devenu Luminescences plutôt qu’une monographie. Initialement, nous avions choisi 200 œuvres afin de pouvoir montrer la variété du travail de cet artiste. Mais finalement, nous avons pensé au concept du semainier qui propose, pour chaque semaine, une œuvre et un texte inspiré par elle. L’ensemble de l’ouvrage a été réalisé du vivant de Jacques Perrenoud, mais quelques difficultés ont repoussé la publication de livre.

Vos textes parlent de spiritualité, d’amour, d’espoir, d’indignation, pourquoi avoir choisi ces thématiques-là?

Chaque œuvre de Jacques Perrenoud suscite une émotion et chacun de mes textes est le fruit d’un libre dialogue avec ce que l’artiste a représenté. Bien sûr, les thématiques que j’ai abordées me préoccupent et sont parfois porteuses d’un message plus explicite. Mon désir initial était d’écrire des textes pas trop longs avec une certaine densité pour parler des oeuvres de cet artiste. Finalement, je me suis laissé saisir par la créativité de Jacques et c’est lui qui m’a insufflé les tonalités de ma propre prose poétique.

De façon générale, quelle est votre relation à l’art?

J’aime mettre en évidence les liens entre l’art et la spiritualité. J’ai créé avec Léonard Gianadda des célébrations œcuméniques pour chaque exposition qui ont lieu à la Fondation. Il s’agit de montrer l’inspiration spirituelle de l’art. La plupart des œuvres peuvent provoquer une interrogation, manifester une recherche de sens et, souvent, nous introduire à la dimension du sacré.

Jacques Perrenoud

Né en 1929 à Genève, Jacques Perrenoud était un illustrateur et lithographe reconnu. Après un apprentissage chez l’imprimeur lausannois Roth et Sauter, il s’installe comme graphiste indépendant au cœur de Lausanne. Parallèlement à cette activité, il se perfectionne dans les monotypes, l’aquarelle, la gouache, l’eau-forte et différentes sortes de gravure. En 1966, il part s’établir à Baulmes, au pied du Jura, dans une ancienne maison qu’il rénove au cours des années. Il y a vécu avec sa femme Mona jusqu’à la fin de sa vie en 2013, tout en continuant de créer dans son atelier.

Pierre Boismorand

Pierre Boismorand a grandi dans le Sud-Ouest de la France. Il a effectué ses études de théologie à Paris, Montpellier et aux Etats-Unis. Depuis 2003, il est pasteur dans la paroisse du Coude du Rhône Martigny-Saxon de l’Eglise réformée évangélique du Valais. Il a consacré un ouvrage aux deux figures de résistance que furent Magda et André Trocmé (2007).

«Luminescences»

«Luminescences» a été publié aux éditions Ouverture, fin 2017. Il contient 52 œuvres de Jacques Perrenoud reproduites par le photographe Michel Perrenoud, frère de l’artiste et autant de textes poétiques du pasteur Pierre Boismorand. L’ouvrage est préfacé par Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion.