Un humain derrière l’écran

Un humain derrière l’écran

Protestinfo propose régulièrement des éditos rédigés par des membres des rédactions de Médias-pro.

Rédacteur responsable de Protestinfo, Joël Burri revient sur le «torrent d’insultes» qui a submergé une élue sur les réseaux sociaux à l’occasion du 1er Août.

Photo: CC(by-nd) Judit Klein

«La Suisse n’existe pas. Ce sont les gens qui y habitent qui existent. Avec des idées et des opinions différentes. Avec des combats et des orientations différentes. Avec des priorités et des soucis différents», ces quelques lignes publiées à l’occasion de la fête nationale ont valu à la conseillère nationale vaudoise Ada Marra un véritable «torrent d’insultes» sur les réseaux sociaux, comme l’a titré «Le Matin»

On s’imagine parfois que les «trolls», les haineux et autre ronchon du web sont des personnes asociales qui se défoulent en répandant leur venin sur Facebook et Twitter. Mais interrogé par le quotidien orange, le spécialiste des réseaux Stéphane Koch donne une vision différente: «certains mouvements radicaux, de mouvance nationaliste ou de défense animale par exemple, se mobilisent de manière très efficace sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’une campagne organisée, mais le message est relayé et copié rapidement sur de nombreux sites et pages qui partagent la même idéologie, ce qui entraîne un effet boule de neige.»

Au Café du commerce, on critique, et avec raison les journalistes quand ils bâclent leur travail est relatent approximativement un fait divers ou un évènement. «Mais vous pensez à ce que doit ressentir la famille?» Oui, il y a potentiellement de la violence dans la parole, surtout quand elle est publique; quand elle est publiée. Les journalistes y sont sensibilisés. Mais les réseaux sociaux donnent largement la parole sans que les utilisateurs ne se rendent forcément compte de l’impact de leurs actes. Ajouter à cela l’immédiateté qui permet de réagir à chaud, sans se donner le temps de réfléchir et vous obtenez en quelques minutes un «torrent d’insultes».

Persuadés d’avoir raison, les défenseurs d’une cause s’engagent pour leur idéal avec tellement de passion qu’ils en oublient que de l’autre côté de l’écran, il y a des humains. Et la religion, pourtant porteuse de valeurs de partage et d’amour reste un terrain à risques pour cela. La foi est quelque chose de profond, de viscéral, qui ne s’appuie que peu sur des éléments factuels concrets. Les échanges deviennent donc rapidement vifs.

Ecrire quotidiennement des sujets liés à la vie religieuse nous donne régulièrement l’occasion de recevoir des e-mails ou des messages sur les réseaux sociaux dont le ton est en décalage complet avec la bonhomie des auteurs de ces réactions lorsqu’on les rencontre physiquement. Faudrait-il conseiller aux personnes un peu sanguines de relire leur message avant d’appuyer sur «envoyer»? Certainement! «Quelle image je donne de moi en envoyant ce message?» est probablement une question qu’il faudrait se poser avant de publier.

On pourrait aussi se souvenir que parfois, l’on se trompe. Et laisser une place au doute dans chacune de ses affirmations est salutaire! Oui, avec Anne Sylvestre «j’aime les gens qui doutent (…) même s’ils passent pour des cons.»