Redécouvrir le Dieu caché

Redécouvrir le Dieu caché

Et si les grands courants de la théologie moderne ne convenaient plus à la société actuelle? Réformer l’Eglise, oui! Mais selon quelles prémisses fondamentales? L’Espace culturel des Terreaux organise un débat sur le concept de Dieu, lundi 22 mai, à Lausanne

Photo: CC (by-nc-nd) Ynot-Na

«Dieu est un thème dont les religions n’ont pas le monopole», lâche le théologien et philosophe Jean-Marc Tétaz. Dans le cadre des débats «Revisiter la Réforme», l’Espace culturel des Terreaux propose pour cette cinquième rencontre de s’intéresser au concept de Dieu, lundi 22 mai, de 19h à 21h. Sur la thématique «Dieu caché – Dieu révélé: Dieu comme négation et affirmation», le professeur de théologie de l’Université de Strasbourg Marc Vial et Jean-Marc Tétaz débattront de l’impact de la conception de Dieu sur le christianisme dans notre société actuelle.

Jean-Marc Tétaz rappelle que Hegel a introduit une idée tout à fait nouvelle en théologie: Dieu serait fondamentalement celui qui se révèle soi-même; la révélation est l’être même de Dieu. Cette révélation de soi s’accomplit dans la communauté chrétienne. Dans ce cadre, il n’y a pas de place pour le Dieu caché. Un siècle plus tard, lorsque Karl Barth réfléchit à la possibilité de la prédication, il la comprend comme la façon dont cette autorévélation de Dieu se réalise ici et maintenant. «Or le porteur de la prédication est le pasteur. Il s’agit donc d’une espèce de rétrécissement de la thèse hégélienne où ce n’est plus la communauté comme telle qui est le lieu de la présence de Dieu, mais le pasteur dans la prédication. La conséquence est que le lieu de la révélation de Dieu, c’est le culte dominical. Et cela rend très difficile toute réflexion sur d’autres formes d’existence d’Eglise », résume Jean-Marc Tétaz.

Un modèle qui ne fonctionne plus

«Ce modèle barthien a très fortement marqué la théologie et les Eglises romandes. On se rend bien compte qu’il ne fonctionne plus, poursuit le philosophe, mais nous n’avons pas actuellement d’autre modèle théologique à disposition, et pour le protestantisme, c’est une catastrophe!». Plusieurs enjeux seront un centre de la discussion. Il s’agira d’articuler la réflexion théologique chrétienne avec d’autres religions et de penser l’universalité de Dieu en dehors de la religion.

«Le thème du Dieu caché n’a pas été inventé par les réformateurs, c’est un thème aussi ancien que le christianisme, qu’on retrouve d’ailleurs dans le judaïsme, dans l’islam, c’est un thème universel», explique Jean-Marc Tétaz. « Il faut en découvrir à nouveau l’importance. Il permet de penser à la fois la pluralité légitime des religions et la présence diffuse du christianisme dans la société. Le Dieu invisible est un thème central pour une réflexion sur la dimension religieuse de la culture. Car le christianisme n’a pas le monopole de la question de Dieu».