Luther problématisé autour d’une choucroute

Luther problématisé autour d’une choucroute

Les propos de table de Luther inspirent un spectacle à voir en suisse romande dès jeudi. Les différentes facettes du réformateur entrent en dialogue: le pasteur, le docteur de la foi et le bouffeur de choucroute parfois grossier.

«Alors que je faisais de la publicité pour le spectacle au marché, un type m’a dit “vous mangez avec Luther? Cela ne vous fait pas des indigestions?”», raconte le pasteur Virgile Rochat. Il est vrai que le réformateur a aussi ses côtés obscurs: propos grossiers et attaques virulentes envers les juifs, les musulmans ou les catholiques, émaillent les propos qu’il tenait à table. «C’est surprenant que son entourage ait jugé utile de noter ces débordements. Ils devaient juger que cela apportait de l’humanité au personnage», soulève Virgile Rochat.

Il existe en allemand plus de 3000 pages de propos de table du réformateur. 500 ont été traduites en français. Virgile Rochat a pioché dans ce corpus parfois coloré pour trouver la matière de base d’un spectacle à découvrir dès jeudi 27 avril à Lausanne et en tournée en Suisse romande jusqu’au 24 juin, avec souvent un repas après la représentation.

«Je n’imaginais pas monter un tel spectacle», avoue Virgile Rochat, «je cherchais un acteur pour monter des lectures de ces textes. Grâce à un ami commun, j’ai rencontré Edmond Vuilloud. Il a adhéré au projet, et c’est lui qui a écrit un véritable spectacle sur la base des extraits de textes proposés.» En raison de la complexité du personnage, il a choisi de faire dialoguer Luther le pasteur, avec Martin le mangeur de choucroute et avec le docteur en théologie. «Le procédé met en lumière l’épaisseur du personnage.»

«A la fin de sa vie, Luther a dit “je n’ai fait que boire de la bière à Wittenberg”», explique Virgile Rochat. «Ce que j’aime chez ce personnage, c’est que bien qu’il n’était pas un surhomme, il a trouvé le courage politique de se lever contre l’empereur et le pape. Aujourd’hui, il n’y a peut-être plus besoin de se lever contre le pape ou l’empereur, mais contre notre société techno-scientifique basée sur la croissance à cause de laquelle on est en train de détruire le substrat sur lequel on se trouve», prévient le pasteur vaudois.