Des camps chrétiens exclus du programme Jeunesse et sport

Des camps chrétiens exclus du programme Jeunesse et sport

Pour bénéficier du soutien de l’Etat, les activités jeunesse d’une organisation ne doivent pas avoir la transmission de la foi comme but principal. Le Tribunal administratif fédéral ayant confirmé une décision de l’Office fédéral des assurances sociales allant dans ce sens, l’Office fédéral du sport retire à son tour son soutien à une dizaine d’organisations évangéliques. Une pétition est lancée.

Alterner activités sportives ou culturelles et découverte de la Bible ou de la foi, tel est le programme des week-ends et camps offert par diverses organisations chrétiennes. Après l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) qui a privé ces activités de subventions en 2014, l’Office fédéral du sport (OFSPO) suit le même chemin. Dès 2018, les camps évangéliques seront exclus de Jeunesse et sport (J+S), le programme d’encouragement aux activités physiques de la Confédération.

«Les associations chrétiennes sont choquées par cette décision et contestent les arguments de l’OFSPO», précise le Réseau évangélique suisse (RES) qui a lancé une pétition en ligne qui approche déjà les 20’000 signatures. Selon le RES et les associations concernées, «les activités chrétiennes ne sont pas incompatibles avec le développement des enfants et des jeunes prévus dans la loi et les activités sportives ne sont pas instrumentalisées à des fins religieuses. Au contraire, la foi chrétienne les motive à contribuer à un développement holistique des jeunes et des enfants, en encourageant à la fois le développement physique et social, mais aussi spirituel de la personne, et ceci, dans le plein respect de la liberté de conviction de chacun.» En 2016, les milieux évangéliques se sont d’ailleurs dotés d’une charte éthique censée garantir le respect de la liberté de conviction de l’enfant.

«Compte tenu des nouvelles bases légales adoptées par le Parlement et des considérations légales qui en découlent, l’OFSPO ne dispose plus de la légitimation légale pour subventionner, dans le cadre de J+S, des offres dans lesquelles le prosélytisme religieux joue un rôle central», explique pour sa part Christoph Lauener, responsable communication de l’OFSPO. «Les activités avec des enfants et des jeunes d’une organisation ayant droit à des subventions doivent poursuivre les objectifs de la loi sur l’encouragement des activités extrascolaires des enfants et des jeunes (LEEJ). Une organisation a certes le droit de baser ses activités sur des valeurs religieuses, mais elles ne doivent pas avoir la transmission de la foi ou la conversion comme seul ou principal but», précise-t-il.

La décision de l’OFSPO est la conséquence de la prise de position du Tribunal administratif fédéral dans l’affaire opposant l’OFAS aux organisations évangéliques. Pour la haute autorité, en retirant ses subventions, l’administration a agi conformément à la LEEJ révisée en 2011. «Etant donné que le Tribunal administratif fédéral a émis des considérations générales concernant les buts de la promotion de la jeunesse, celles-ci s’appliquent également à l’encouragement du sport des jeunes. Chargé de la réalisation du programme J+S, l’OFSPO est responsable d’une utilisation des subventions conforme au droit», commente Christoph Lauener.

Selon les chiffres de l’OFSPO, ce sont ainsi neuf associations de jeunesse, soit quelque 223 clubs, en principe membre d’une de ces associations qui ont été touchées par cette décision. Leurs activités n’apparaîtront plus dans la catalogue général de J+S, ils perdront une petite subvention et la possibilité de permettre à leur moniteur de se former au sein de J+S ou d’obtenir un congé jeunesse. «Cette décision ne reflète en aucun cas une évaluation du travail fourni par les différents moniteurs. Leur reconnaissance J+S reste d’ailleurs valable et ils peuvent continuer à être actifs pour des organisations qui remplissent les conditions de participation au programme J+S», précise toutefois Christoph Lauener.

La mesure ne touche toutefois pas systématiquement toutes les organisations ayant des racines religieuses, mais seulement celles où la transmission de la foi joue un rôle prépondérant. «Les conventions de formation conclues avec les deux associations de jeunesse des Eglises nationales (Unions Chrétiennes Suisses et Jungwacht Brauring Schweiz) et celles conclues avec les associations sans vocation religieuse (notamment le Mouvement Scout de Suisse) ne seront pas résiliées. Les clubs qui sont affiliés à ces associations pourront donc continuer de participer au programme J+S», explique le porte-parole.