Le Pape donne un nouveau souffle à l’œcuménisme allemand

Le Pape donne un nouveau souffle à l’œcuménisme allemand

Les Eglises protestante et catholique d’Allemagne veulent utiliser l'année du 500e anniversaire de la Réforme pour un rapprochement plus poussé.

, EPD/Protestinter

Le pape a donné un coup de pouce inattendu au rapprochement œcuménique en Allemagne, en accordant la semaine passée, une audition à de hauts représentants de l'Eglise protestante d'Allemagne (EKD) au Vatican. «Les chrétiens des deux confessions doivent s’efforcer de surmonter, de toutes leurs forces, les obstacles qui subsistent sur le chemin de l'unité visible».

Si, selon le souhait de l'EKD et de la Conférence des évêques catholiques allemands, le pape pourait rendre une visite prochaine dans le pays d’origine de la Réforme, cela pourrait à nouveau, constituer un signal œcuménique. Le président du Conseil de l'EKD Heinrich Bedford-Strohm et le président de la Conférence épiscopale catholique allemande, le cardinal Reinhard Marx, ont profité de l’audience pour inviter, ensemble, le Pape François en Allemagne.

Il n’y a pas eu de réponse officielle du Vatican. «Le pape nous a considérés avec sympathie», a expliqué Reinhard Marx. François décidera si cette visite est possible, a expliqué Heinrich Bedford-Strohm, qui a souligné qu'il avait porté l'invitation en tant que représentant des quelque 22,3 millions de protestants allemands. La chancelière Angela Merkel (CDU) et le président allemand Joachim Gauck ont invité le pape originaire d’Argentine en Allemagne déjà en 2015. L’élu pontifical pourrait honorer l'invitation dans l'année suivant le jubilé, mais cela semble improbable à la lumière de ses autres engagements. Le prédécesseur de François, Benoît XVI, est venu en visite en 2011 dans sa patrie allemande.

Les responsables des l'Eglises allemandes ont le projet d’élaborer une communion conjointe pour les époux de confessions différentes. Le représentant de l'EKD, Heinrich Bedford-Strohm a rappelé dans son discours que c’est une «réalité parfois douloureuse» lorsque les familles chrétiennes avec des membres de différentes confessions ne peuvent pas aller communier ensemble. Même François a parlé d'une «douleur» ressentie par les couples interconfessionnels. Il a fait campagne pour une «intensification du dialogue théologique» et un renforcement de la coopération pratique.

Trop longtemps, protestants et catholiques ont ressenti de l’hostilité et «poursuivi avec acharnement des combats nourris par des intérêts politiques et la soif de pouvoir», a déploré le pape. Ils n’ont parfois même pas hésité à faire usage de la violence les uns envers les autres. Le cardinal Marx a toutefois estimé après l'audience que l'Allemagne avait dépassé les clivages entre protestants et catholiques. «Notre responsabilité particulière est de surmonter ce qui nous divise encore», a déclaré l'archevêque de Munich, qui accompagnait la délégation de l’EKD.

Heinrich Bedford-Strohm a déclaré lors d’une réunion ultérieure avec le Cardinal Kurt Koch, responsable des affaires œcuméniques, que l’aspiration à la communion conjointe devrait à nouveau être réaffirmé. Reinhard Marx a fait remarquer qu'au «début de l'œcuménisme, l'œcuménisme était un but en soi. Après, nous nous sommes heurtés au traitement des questions théologiques», a déclaré l'archevêque de Munich.

A la suite de cette «rencontre très cordiale», Heinrich Bedford-Strohm a remis, en guise de cadeau au pontife romain, une copie de la Bible de Luther, révisée pour la date anniversaire. Une dédicace «en communion œcuménique», ainsi qu’un verset biblique "Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous" (Ephésiens 4: 5-6), ornait la page de garde.

L'Eglise luthérienne commémore le 500e anniversaire de la Réforme jusqu'en octobre de cette année. Le 31 octobre 1517 Martin Luther (1483-1546) avait publié ses 95 thèses contre les abus de l'Eglise de son temps. Les thèses légendaires ont constitué le point de départ de la Réformation et de la scission qui a suivi entre l’Eglise protestante et l’Eglise catholique. Contrairement aux siècles précédents, le 500e anniversaire sera célébré avec un fort accent œcuménique.