Les Eglises réclament des lois plus strictes sur l’exportation des armes

Les Eglises réclament des lois plus strictes sur l’exportation des armes

Le gouvernement valide le rapport 2015 sur les exportations d’armement. Le montant des machines de guerres lourdes exportées a presque doublé. L’occasion pour les Eglises de demander un durcissement de la loi.

Photo: CC(by-nc-nd) Intensivtäteraggressor

Berlin (EPD/Protestinter). Au vu de nouvelles autorisations d’exportations d’armement vers des zones en crise, les deux Eglises ont réclamé une législation plus stricte sur ce marché. Il y aurait grand besoin d’une base «permettant de faciliter l’arrêt des livraisons envisagées», a déclaré Martin Dutzmann, président protestant de la Conférence commune pour l’Eglise et le développement (GKKE), mercredi à l’agence de presse protestante allemande EPD.

Le ministre de l’Economie lui-même, Sigmar Gabriel (SPD), avait abordé en février le sujet d’une loi sur les exportations d’armement. «De notre point de vue, cela serait nécessaire», a déclaré Martin Dutzmann. Une telle loi devrait alors réglementer la possibilité d’annuler des commandes. Martin Dutzmann, le mandataire de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD) auprès du Bundestag et du gouvernement, a affirmé: «Une telle chose doit être possible, par exemple lorsqu’il s’avère que la situation du pays censé recevoir les biens ne permet pas une telle livraison, au niveau des droits de l’homme ou bien de la paix politique», a-t-il ajouté. Karl Jüsten, le président catholique, a également réclamé de plus fortes réglementations dans une déclaration de la GKKE: «Il nous faut une révision des bases légales», a-t-il affirmé. Il attend «du ministère de l’Economie qu’il entame des démarches en conséquence».

Le gouvernement a validé mercredi le rapport sur les exportations d’armement pour l’année 2015. Il ressort de ce document de 132 pages que la valeur des marchandises ayant fait l’objet d’une autorisation d’exportations d’armes et de machines de guerre lourdes a presque doublé l’année dernière, atteignant un montant de 7,9 milliards d’euros. En 2014, la valeur de ces autorisations était de 4 milliards d’euros.

Sigmar Gabriel, le ministre en charge de l’Economie, qui avait promis une politique restrictive en matière d’exportations d’armement, a de nouveau rappelé les décisions du gouvernement précédent (une coalition noir-jaune entre CDU/CSU et FDP), qui seraient à présent irréversibles. On y compte les livraisons de chars d’assaut à l’intention du Qatar, qui représentent à elles seules un montant de 1,6 milliard d’euros. Celles-ci ont tout particulièrement fait l’objet de critiques des Eglises: «Le Qatar est impliqué dans le conflit yéménite, que nous fournissons donc en armement par son intermédiaire», a déclaré Martin Dutzmann. 41% des autorisations accordées en 2015 l’ont été à des exportations en direction de pays de l’UE, de l’OTAN ou assimilés à l’OTAN comme la Suisse ou l’Australie, contre 59% vers des Etats tiers. Même sans compter les autorisations accordées par le gouvernement noir-jaune, cette dernière part, qui attire tout particulièrement la critique, s’élève encore à 46% selon le ministère de l’Economie.

La valeur totale des autorisations d’exportation d’armes de petit calibre a reculé d’un tiers. Elle s’élevait en 2015 à 32,4 millions d’euros, c’est-à-dire 15 millions de moins en 2014. Ce recul est également vrai lorsqu’on s’intéresse aux pays tiers: la valeur des autorisations a baissé de 7,1 millions pour arriver à 14,5 millions d’euros. Martin Dutzmann a salué cette diminution. «À ce sujet, il faut malgré tout aussi faire état du fait que l’Allemagne a accordé des licences, par exemple à l’Arabie saoudite, pour permettre à ces pays de produire eux-mêmes des armes de petit calibre», a-t-il fait remarquer.