Des conflits entachent le démarrage du sommet de l’orthodoxie en Crète

Des conflits entachent le démarrage du sommet de l’orthodoxie en Crète

C’est entaché par plusieurs annulations de dernière minute qu’a commencé, dimanche, le premier grand concile des Eglises orthodoxes des temps modernes. Cette réunion organisée en Crète représente un événement historique, quand bien même la joie en est ternie par la non-participation de certaines Eglises, a déclaré Bartholomée Ier, patriarche œcuménique de Constantinople, en sa qualité de dirigeant honorifique de l’Eglise orthodoxe mondiale.

Photo: La chapelle St-George Pachymachiotes à Lindos CC(by-nc-nd) Paul Simpson

Francfort-sur-le-Main/Athènes (EPD/Protestinter). Il n’y a plus eu de rassemblement commun à tous les orthodoxes depuis plus d’un millier d’années. Cependant, après les patriarcats de Bulgarie, de Géorgie et d’Antioche, l’Eglise orthodoxe russe a elle aussi annulé en début de semaine passée sa participation au concile prévu depuis plus de 50 ans, auquel 14 dirigeants d’Eglises doivent prendre part.

Avec environ 160 millions de fidèles, la Russie rassemble plus de la moitié des 300 millions de chrétiens orthodoxes présents dans le monde. L’Eglise orthodoxe serbe ne participera que sous conditions. Cette réunion doit servir à la conscience de soi et au positionnement des communautés religieuses orthodoxes. Néanmoins, depuis plusieurs semaines, quelques Eglises orthodoxes lui reprochent une orientation trop libérale. D’autres ont des réticences vis-à-vis de documents et d’une organisation qui ont pourtant été décidés par les participants eux-mêmes, lors d’un congrès organisé en Suisse en janvier. Des observateurs évoquent également un rapport de force pour qui renforcera la suprématie entre Moscou et le patriarcat œcuménique de Constantinople.

Les religieux des Eglises orthodoxes participantes sont arrivés jeudi pour la rencontre préparatoire, la «petite synaxe» organisée sur l’île méditerranéenne. Le concile a commencé à la Pentecôte orthodoxe et doit durer jusqu’au 26 juin.

Des observateurs œcuméniques tels que Heinrich Bedford-Strohm, président du Conseil de l’Eglise protestante en Allemagne (EKD), sont invités à sa conclusion.

Le métropolite grec orthodoxe Augoustinos d’Allemagne a critiqué l’Eglise orthodoxe russe avec une force inhabituelle pour l’annulation de sa participation. L’Eglise russe placerait un intérêt personnel, «basé sur des efforts et des velléités de suprématie nationalistes, au-dessus de l’intérêt supérieur de l’unité de notre sainte Eglise orthodoxe», a déclaré le président de la conférence des évêques orthodoxes allemands, à la veille de son départ pour la Crète.

Vendredi sur la station de radio Deutschlandfunk, le professeur de théologie münsterois Elias Kattan a parlé au sujet de cette annulation d’un «choc panorthodoxe», et attribué à l’Eglise orthodoxe «une relation ambiguë à la modernité».

Le concile a été convoqué par des commissions panorthodoxes, a insisté le patriarcat œcuménique de Constantinople, siégeant dans l’actuelle ville d’Istanbul. Ses décisions auraient par conséquent aussi un pouvoir contraignant pour l’ensemble du monde orthodoxe, même si des Eglises individuelles ne participaient pas au rassemblement, a déclaré John Chryssavgis, représentant du concile, dans un message vidéo.

Parmi les documents les plus contestés compte le texte «Relations entre l’Eglise orthodoxe et le reste du monde chrétien actuel». Selon certains orthodoxes, le texte des «papiers de l’œcuménisme» va trop loin, car nombre d’entre eux ne reconnaissent pas le statut «d’Eglises» à des institutions telles que les Eglises catholique et protestante.