Fairphone 2, quand technologie et téléphonie riment avec équité

Fairphone 2, quand technologie et téléphonie riment avec équité

Bonne nouvelle pour les consommateurs soucieux de l’environnement, des conditions sociales et de la durabilité: le Fairphone 2, un smartphone plus équitable est disponible en Suisse. Les utilisateurs peuvent désormais combiner l’achat de ce téléphone avec des offres d’abonnements chez Swisscom, notamment.

Photo: CC(by-nc) Fairphone

«Tous les clients disposent ainsi d'une alternative aux appareils traditionnels, et cela avec ou sans abonnement», explique Lauranne Peman, porte-parole de Swisscom. Même si le Fairphone 2 est disponible avec un abonnement, il faut le commander chez le partenaire de distribution, Digitec. L’appareil éthique est livré sans chargeur, parce que son fabricant part de l’idée que les utilisateurs ont en déjà un qui traine quelque part, peut-être au fond d’un tiroir. C’est dans un souci de durabilité et d’équité que Swisscom s’adresse à ses clients, puisqu’«avec le Fairphone2, ils font l'acquisition d'un appareil dont la production est respectueuse des ressources et juste», confie Lauranne Peman. Par contre, Swisscom n’est pas le seul opérateur helvétique à proposer cette offre, puisque sur le site internet de Digitec, il est également possible de souscrire un abonnement avec Salt et Sunrise.

Un marché de l’éthique

«La Suisse est le deuxième pays où nous avons vendu la majorité des Fairphone 2 à ce jour», explique Daria Koreniushkina, responsable en relation de l’entreprise Fairphone. Pour le moment, la part helvétique représente 11% de toutes les ventes. Certains consommateurs de smartphone semblent donc avoir un intérêt croissant pour les enjeux sociaux et environnementaux. C’est du moins ce qu’observe Swisscom avec ses clients. Robin Eymann, responsable de la politique économique à la fédération romande des consommateurs (FRC), reconnaît également que «les utilisateurs sont de plus en plus soucieux, mais cela reste limité». Peut-être à cause du prix de l’achat sans abonnement. En effet avec un coût de 599 francs, le Fairphone 2 reste un téléphone cher. «Mais c’est le prix a payé pour avoir un téléphone éthique. On l’achète pour ce qu’il y a derrière», note Robin Eymann.

Un cycle de vie plus long

En plus d’être conçu avec des minerais extraits le plus possible éthiquement et dans des conditions de travail décentes, le Fairphone 2 a une durée de vie plus longue, puisqu’il est désormais possible de remplacer des pièces comme l’écran ou la batterie. «La durabilité est le principal souci des téléphones actuels», constate Robin Eymann. «La réparation est 2 à 3 fois moins chère avec le Fairphone qu’avec un autre téléphone. Toutefois, il est difficile de poser le diagnostic du problème soi-même et de savoir quelle pièce changer, pour autant que celle-ci soit disponible sur le site de Fairphone». Malgré cette difficulté, et avec le nouveau design, «les utilisateurs peuvent remplacer facilement les pièces du téléphone les plus souvent brisées, sans avoir aucune connaissance technique», explique Daria Koreniushkina.

Un autre point mis en avant par la FRC est l’impossibilité de réutiliser les pièces du Fairphone 1 pour les mettre dans le 2, ce que regrette l’association de défense des consommateurs. «Il aurait pu être judicieux de rendre l’appareil photo ou la batterie compatibles entre les deux Fairphones pour éviter d’avoir à tout racheter ou bien de pouvoir utiliser les composants du 1 sur le 2 si, par exemple, la batterie lâche», déplore Robin Eymann. Cependant, comme le Fairphone 1 et le 2 ont des designs différents, il est impossible qu’ils soient compatibles, parce qu’«avec le Fairphone 2, nous avons choisi de faire un grand saut en faisant nous-mêmes la conception du téléphone depuis le début», éclaire la responsable publique de Fairphone.

La question de la durabilité du téléphone suscite d’ailleurs également l’intérêt d’acteurs commerciaux. Plusieurs téléphones décomposés en modèle remplaçable devraient arriver sur le marché en 2016, dont le projet Ara soutenu par Google.

Une entreprise «presque» équitable

Les fabricants, comme Samsung ou Apple, sont souvent critiqués à cause des mauvaises conditions de travail et environnementales dans la chaîne de production de leurs appareils. Au contraire, l’entreprise Fairphone, basée à Amsterdam, s’engage à produire un téléphone qui donne la priorité aux valeurs sociales et écologiques. Elle a décidé de s’impliquer pour un changement dans l'exploitation minière, la conception, la fabrication et le cycle de vie.

Dans tout téléphone portable, on retrouve plus de 40 minéraux différents, provenant souvent de régions où les droits humains, du travail et l’environnement sont bafoués. Ainsi si l’entreprise néerlandaise a baptisé son téléphone portable, «Fairphone», c’est justement parce que «notre objectif est de travailler directement où nous pouvons contribuer à des alternatives aux pratiques minières actuelles, à l’autonomisation des travailleurs et à l’amélioration des moyens de subsistance de la population locale», peut-on lire sur le site internet. Fairphone est consciente que le chemin est long et qu’il est difficile de créer un smartphone répondant complètement aux critères du commerce équitable.