Les leaders évangéliques américains refusent d’être protégés par des femmes

Les leaders évangéliques américains refusent d’être protégés par des femmes

Les femmes doivent-elles, comme les hommes, être inscrites au Selective Service? Le débat fait rage aux Etats-Unis autour de leur affiliation à ce contingent des citoyens et résidents pouvant être tirés au sort pour faire du service militaire actif en cas de crise. Plusieurs leaders évangéliques se sont opposés à cette proposition affirmant que cela affaiblirait la préparation militaire du pays et que ce serait en contradiction avec les relations traditionnelles hommes femmes.

Image: affiche pour le recrutement de sténographe durant la Seconde Guerre. (Archives nationales des Etats-Unis)

, Washington, RNS/Protestinfo

«Une nation se fondant sur des femmes combattantes est une nation qui a été mise à genoux par la rectitude politique», écrit Andrew Walker de la commission d’éthique et la liberté religieuse de la Convention baptiste du Sud, sur le site web du mouvement. La semaine dernière au Congrès, l’organe législatif des Etats-Unis, des chefs de l’Armée et du corps des Marines ont plaidé en faveur de l’inscription des femmes au Service sélectif. Cette agence fédérale tient le registre des conscrits (actuellement les hommes de 18 à 25 ans) pouvant être appelés par tirage au sort à servir sous les drapeaux.

La discussion fait suite à l’annonce à la fin de l’année dernière par l’armée de l’autorisation aux femmes de combattre. Après des années de débat et de résistance, le corps des Marines ouvrira bientôt, pour la première fois, environ 220’000 emplois aux femmes.

La lutte pour l’égalité des genres dans l’Armée «ne tient nullement compte de leur disposition au combat, de leur impact sur le team-bulding ou sur le recrutement des volontaires, et de la stabilité des familles de militaires», déclare l’ancien chef des aumôniers de l’armée, Douglas Carver, cité dans Baptist Press, journal officiel de la Convention baptiste du Sud. «Dans les paroles d’une vieille chanson de la Première Guerre mondiale, il est demandé qui va “garder la maison contre les incendies” quand à la fois les pères et les mères sont obligés par la loi de faire la guerre?»

Le président du Séminaire théologique sudiste, R. Albert Mohler Jr. déclare qu’il est faux d’«altérer ou de compromettre les prédispositions culturelles des femmes à réaliser ce qui est clairement prévu pour elles dans l’Ecriture.» Le mois dernier, il a rejoint le comité «la dignité de la vie» qui soutient le candidat républicain Marco Rubio aux présidentielles. Mais lors du débat républicain, le samedi 6 février dans le New Hampshire, Marco Rubio et les autres candidats républicains Chris Christie et Jeb Bush ont déclaré qu’ils appuyaient le recrutement des femmes, suscitant la colère de nombreux téléspectateurs conservateurs. Seul Ted Cruz, le baptiste du Sud et candidat républicain, s’est opposé à cette possibilité. «C’est immoral, et si je suis président, nous ne le ferons pas», a-t-il dit le lendemain du débat.

Chelsen Vicari de l’Institut sur la religion et la démocratie (IRD) a exhorté les chrétiens à se mobiliser contre la proposition. «Forcer les mères, les filles et nos sœurs à s’inscrire pour le Service sélectif serait une erreur tragique», écrit-elle sur le site de l’IRD. «Non seulement les évangéliques, mais aussi les catholiques et les chrétiens pacifistes doivent s’opposer. L’Eglise peut-elle être silencieuse sur la militarisation potentiellement coercitive des filles de l’Amérique?»

Pour Marc LiVecche, de l’IRD, le problème vient en partie du fait que les hommes devraient naturellement vouloir protéger les femmes. «Si les femmes sont dans leurs rangs, la galanterie risque de compromettre l’efficacité au combat puisque les commandants devraient honorablement protéger les femmes du danger. A moins qu’ils n’outrepassent la galanterie et qu’ils traitentt les femmes indistinctement.»