Les paroisses investissent dans l’immobilier

Les paroisses investissent dans l’immobilier

Les paroisses gèrent leurs biens librement. Zoom sur l’ancien presbytère de Rolle, bientôt remplacé par des locaux paroissiaux et des appartements.

Photo: Un complexe paroissial et des logements modernes remplaceront le presbytère de Rolle. DR

Bonne Nouvelle

Sept appartements, un commerce, des locaux paroissiaux et parkings occuperont le terrain de l’ancien presbytère de Rolle. Un ravalement de façade qui coûtera 4,5 millions de francs à la paroisse du Cœur de la Côte. Privée de sa cure, aujourd’hui propriété de la commune de Rolle, la paroisse a choisi de raser un bâtiment jugé vétuste pour y construire de nouveaux bâtiments qui s’autofinanceront.

Un bien de rendement donc qui nécessite tout de même un investissement. «Nous avons vendu la Fraternelle, l’ancienne chapelle de la Croix-Bleue pour plus d’un million de francs à des privés. La paroisse a aussi puisé 100’000 francs dans ses fonds propres», explique Eric Striberni, président de la commission en charge du projet et membre du conseil de paroisse. Le projet mis à l’enquête devrait aussi bénéficier d’un prêt bancaire d’environ 2,5 millions de francs. Quant aux 750’000 francs restants, la paroisse prévoit un système de prêts pour qui voudra mettre la main à la poche. Elle ne refusera pas les dons. «Que les paroissiens se rassurent, ils ne financeront pas les logements privés mais bien les locaux paroissiaux», précise Eric Striberni. Pour ces logements, «les loyers sont au prix du marché.» Pas de loyers modérés donc. «Nous devons rentrer dans nos frais, et sur la Côte les gens ont les moyens». Quant à la zone commerciale, une réflexion sur son attribution devra être menée pour rester en adéquation avec l’esprit de l’Eglise.

Une équipe de semi-professionnels

«Nous avons un banquier et un ingénieur en construction dans notre équipe. Ce qui nous a permis de monter un projet qui tient la route. Sans compter un architecte qui travaille presque bénévolement», explique Eric Striberni, qui ne compte plus ses heures non plus. Lancé en 2011, le projet a tout de même essuyé quelques revers. «Le terrain est dans le centre historique de Rolle. Les Monuments historiques ont demandé que la présence des anciens remparts soit rappelée. Nous gérons nos biens immobiliers comme nous l’entendons. Mais nous nous inscrivons dans la ligne de notre Eglise.» Après plusieurs ajustements, Eric Striberni espère voir des grues en action sur le chantier à l’automne. Le président attend avec impatience le permis de construire pour lancer la recherche de fonds. «Nous ferons aussi appel à la générosité des autres paroisses du canton», sourit-il. Une fois terminés, les locaux seront mis en gérance. 

Solidarité entre les paroisses

L’Eglise réformée vaudoise recense ses biens immobiliers. La conseillère synodale vaudoise Esther Gaillard esquisse les pistes d’une future politique immobilière.

Le recensement permet d’avoir une vue d’ensemble des bâtiments que l’Eglise possède ou utilise et définit les priorités dans le partenariat avec les autorités et les paroisses. «Recherche de locaux ou de financements, les besoins et les moyens diffèrent dans les paroisses», explique Esther Gaillard, conseillère synodale en charge de l’immobilier de l’Eglise réformée vaudoise. «Offrir des outils et les compétences de professionnels pour les accompagner dans ces nouveaux projets, c’est une des pistes qui pourrait être envisagée et qui favoriserait la naissance de nouvelles constructions.» «La gestion des biens immobiliers est du ressort des paroisses. Le Conseil synodal a à cœur de les mettre en lien pour qu’elles avancent ensemble et amènent du dynamisme dans la vie de l’Eglise.» Et pour que chacun y trouve son compte, la piste du prêt financier ou matériel entre les paroisses serait une solution. Vers un autofinancement des paroisses? «Non. Il s’agit pour elles de participer au financement de leurs activités.» Des paroisses rentables d’accord, mais pas à n’importe quel prix: «L’affectation des biens devrait s’inscrire dans les valeurs de notre Eglise. Les paroisses de Suisse alémanique sont précurseurs dans ce domaine. Pourquoi ne pas regarder ce qui s’y fait déjà?»