Jéhovah, l’arme secrète de Serena Williams

Jéhovah, l’arme secrète de Serena Williams

La joueuse de tennis victorieuse samedi à Wimbledon déclare régulièrement à l’issue des victoires importantes: «Je veux remercier le Dieu Jéhovah»

Photo: Serena Williams lors de l’US open de 2013 CC(by) Boss Tweed

, RNS Protestinter

A 33 ans, Serena Williams, est classée n° 1 mondial du tennis féminin. Elle est connue pour sa volonté d’acier, sa capacité d’intimidation et ses coups foudroyants. Elle est aussi témoin de Jéhovah, une foi qui encourage ses membres à se séparer du monde et les décourage des sports de compétition pour la raison que ceux-ci promeuvent le nationalisme, la violence et la célébrité, des choses que les témoins de Jéhovah sont censés éviter.

Et pourtant, pour Serena, sa foi est comme une arme secrète. Une source de force et de persévérance qui serait, selon certains, aussi vitale pour son jeu que ses services à 190 km/h! Comment la joueuse fait-elle cohabiter sa foi et ses suites de victoires? C’est un sujet qu’elle et sa sœur, également joueuse de tennis et ancienne numéro 1 mondial, ont rarement abordé. Mais, par ses commentaires, Serena Williams a laissé une piste qui montre que sa foi et surtout son identité de témoin de Jéhovah ont renforcé ses talents pour le tennis déjà redoutables.

«Je dois remercier Jéhovah pour cela», a déclaré Serena Williams à la foule après avoir reçu pour la sixième fois le trophée de l’Australian Open en janvier. «Je n’étais pas bien et pas concentrée, et aujourd’hui Il m’a aidée. J’ai juste prié, non pas pour gagner, mais pour être forte et en santé. Et finalement, je suis passée au travers de cette épreuve alors c’est à Lui en premier et principalement que revient la gloire.»

Serena et ses quatre sœurs ainées sont devenues témoins à la suite de leur mère, Oracene, qui s’est convertie au début des années 1980. Serena Williams a déclaré qu’elle se rend à l’église et qu’elle pratique le porte-à-porte pour distribuer des tracts d’évangélisation, comme cela est demandé aux témoins de Jéhovah.

En 2012, sa demi-sœur Isha Price avait déclaré à l’écrivain John Jeremiah Sullivan, qui avait pu mener l’une des rares interviews avec Serena au sujet de sa foi, que la célébrité de Serena lui donnait parfois des accès que d’autres témoins ne pouvaient pas avoir. «Elle le voit comme une bénédiction que de pouvoir parler à des gens qui d’ordinaire ne laisseraient pas entrer les témoins de Jéhovah.» Après l’interview, John Jeremiah Sullivan avait déclaré au New York Times: «Il y a aussi d’autres maisons, où les gens ne savent pas qui elle est, et se montrent aussi hostiles et non réceptifs qu’avec n’importe qui d’autre.» L’écrivain ajoute que selon la famille, Serena a aussi «témoigné auprès de certaines joueuses. Selon Oracene au moins quelques-unes se sont montrées curieuses, sinon intéressées».

Si la célébrité de Serana a été une bénédiction, elle a aussi été une malédiction. Du moins, du point de vue des témoins de Jéhova. Lors de l’US Open de 2009, elle a été disqualifiée après avoir menacé un juge de ligne après une décision qui lui était défavorable. Ce qu’elle lui a dit est l’objet de débats, mais l’arbitre a conclu qu’il y a avait eu menace de mort. Cela a poussé les Ainés de l’Eglise locale que fréquente Serena à proposer des sanctions décrites par Sullivan comme une perte de grade.

«Ce qui m’a le plus dérangée, c’est que je représentais ma religion», déclare Serena à propos de l’incident. «J’avais juste l’impression que cela ébranlait toute personne qui savait que je suis témoin. Et je ne veux pas être la cause de tels troubles. Les Anciens devaient avoir une discussion avec moi.»

Un représentant national des témoins de Jéhovah a refusé de commenter cette affaire. D’autres témoins sont célèbres parmi lesquels Prince ou Michael Jackson sur la fin de sa vie.

Mais il y a des moments où la foi de Serena l’a renforcée, y compris en dehors du terrain. En 2003, la plus âgée de ses demi-sœurs, Yetunde Price a été tuée dans une fusillade. Serena Williams fut la première à apprendre la nouvelle. Son tennis en a souffert. Elle a pris une pause pour participer à des études bibliques jusqu’à trois fois par semaine. «J’ai essayé de développer une meilleure relation avec Dieu», a-t-elle déclaré au New York Times en 2007. «La Bible dit que si vous avez une fondation solide, vous ne craquerez pas. Mais celui qui construit sa maison sur le sable ne tiendra pas spirituellement. J’ai une fondation très solide. C’est comme ça que j’ai été éduquée.»

Cette fondation lui a été utile au cours de plusieurs autres épisodes positifs et négatifs de sa vie. Des blessures qui menaçaient sa carrière, des opérations chirurgicales, et des scandales au sujet de sa tenue de jeu jugée trop courte et un portrait nu paru dans la presse à scandale. (Les témoins doivent s’habiller avec modestie.) Elle a quitté le rang de numéro 1 mondial plusieurs fois, descendant même jusqu’au 175e rang, et début 2012, de nombreux commentateurs pensaient ne jamais la voir revenir.

Puis elle a commencé à gagner à nouveau: Wimbledon, les Jeux olympiques en simple et en double avec Venus en 2012, Roland Garros et l’US open en 2013 et l’US Open en 2014. Cette année, elle a gagné deux grands chelems. Et si elle gagne l’US open en septembre elle aura gagné un historique grand chelem calendaire. En gagnant un grand chelem sur une année calendaire.

Au sujet de son retour mi-2012, John Jeremiah Sullivan, considère que sa foi est un facteur de réussite. «Il est impossible de ne pas sentir cette proximité des femmes Williams», écrit-il de Serena, Venus et de leur mère Oracene. «Elles sont renforcées par leur foi commune et son emphase donnée à la séparation d’avec le monde. Cela n’est pas étranger à la stabilité psychologique dont Venus et Serena ont fait la démonstration en 17 ans de carrière.»

Joseph Price, professeur d’études religieuses au Whittier College, qui a écrit à propos de la religion et du sport déclare que les Williams présentent une foi qui respecte les lignes directrices des témoins de Jéhovah. Serena ne donne pas un témoignage personnel, comme le ferait un chrétien évangélique tel que le footballer Tim Tebow, mais elle parle de la puissance de Dieu et de la Bible.

«Par ce qu’elle ne révèle que rarement des éléments personnels lors des interviews d’après-match, elle évite tout attrait pour autre chose que le match», analyse Joseph Price. «Mon hypothèse c’est qu'elle essaie de minimiser les possibilités de devenir un objet de fascination ou d’idolâtrie.»

Lee DelleMonache, directrice de l’Institut du sport, de la spiritualité et du développement du caractère de l’Université Neumann déclare que l’équilibre que Serena Williams a trouvé entre l’humain et le spirituel la sépare des autres. «Je sais que quand elle faillit, qu’elle est critiquée ou qu’elle jure sur le cours, elle prend sur elle», déclare Lee DelleMonache. «J’aime la façon qu’elle a d’assumer ses responsabilités et de rester fidèle à sa foi.»

Dans une interview de 2002 accordés à ASAP Sports, elle déclarait: «je suis témoin de Jéhovah. Je pense que si vous ne croyez pas en Dieu, la vie est difficile. Car plus ou moins tout ce qui est la base de la vie vient de Dieu. Comme témoin de Jéhovah, je crois en Dieu et en la Bible. Sans Lui, je ne serais pas là juste maintenant. Je Le remercie pour tout.»