La théologie: un remède à l’infantilisme de la religion

La théologie: un remède à l’infantilisme de la religion

Le théologien réformé Konrad Schmid a déblayé quelques clichés sur la théologie, lors d’une table ronde sur le thème «Lumière» à l’Université de Zurich. Pour le chercheur en Ancien Testament, la théologie démythifiée est nécessaire à la maturation de la religion.

Texte et photo: Matthias Böhni (Ref.ch/Protestinfo)

Entre un chercheur en neurosciences et un professeur d’Ancien Testament, devinez lequel s’est montré le plus grand «démythificateur»? Lors d’une table ronde sur le thème «Lumière», avec le professeur de théologie Konrad Schmid et le neuroscientifique Fritjof Helmchen il s’est avéré que c’était plutôt le théologien. Pour la bonne raison que pendant que Fritjof Helmchen s’extasiait sur les nouvelles méthodes de l’optogénétique, qui pourraient un jour permettre de faire la «lumière» sur le fonctionnement du cerveau humain, le théologien s’est élevé contre toute forme de «romantisme» qu’il soit religieux ou scientifique.

Lundi devant une cinquantaine d’auditeurs, le vétérotestamentaire a commencé par critiquer la métaphore de la lumière: elle n’a pour lui aucune magie particulière. Il parlait à l’occasion d’une table ronde organisée par l’Université de Zurich: «nous ne disposons dans les sciences d’aucun projecteur, avec lequel nous apporterions soudain la lumière dans les ténèbres. Ce pathos de la lumière a une patine bien connue, et nous vient tout droit du Siècle des Lumières. Mais la raison ne peut pas tout».

Au modérateur David Werner, qui lui a demandé si au moins une «lumière» lui était venue par la foi, Konrad Schmid a répondu en riant: «non, je jamais eu une seule illumination surnaturelle, je fais partie de la branche libérale de l’Eglise». Il a rajouté qu’il avait du respect pour les étudiants qui ont eu de telles expériences.

Religion soignée demandée

Le modérateur a poussé plus loin en demandant si la théologie n’était pas aujourd’hui sur la défensive. Le professeur de théologie a répondu que non: «la religion n’est pas morte», a-t-il affirmé, «et la théologie l’explore de manière critique. Même le cerveau le plus intelligent n’a pas la possibilité de se connaître pleinement lui-même. Il y est des domaines de la vie humaine qui ne sont pas accessibles, et c’est ce cela que la théologie s’occupe». Konrad Schmid a continué: «La Bible n’est pas une réalité supranationale, elle n’est pas tombée du ciel. Nous la lisons comme nous lisons l’Iliade ou l’Odyssée. Nous utilisons pour ce faire des méthodes athées, justement pour des raisons théologiques: nous voulons une religion soignée, et pas une religion de qualité médiocre. Et pour cela nous avons besoin de la rationalité.»

David Werner a ensuite posé une dernière question au professeur de théologie de l’Université de Zurich: «est-ce que cette manière d’envisager les choses se retrouve jusque dans les paroisses?» «En fait, la théologie d’aujourd’hui n’a pas pleinement trouvé sa place à la base», a répondu Konrad Schmid, «et malheureusement, la religion reste donc souvent célébrée de manière infantile».