Avocats de l’espoir auprès des étudiants

Avocats de l’espoir auprès des étudiants

A côté des conférences, des moments de méditation et de la gestion de lieux de recueillement, les aumôniers des hautes écoles ont une importante activité d’accueil et d’entretiens individuels avec des personnes de tous horizons et cultures. Rencontre avec quelques-uns de ces ministres, alors que les universités vivent au rythme des examens.

Photo: CC(by)Universiteitskrant Univers

«Chaque année, je vois arriver des jeunes qui fondent en larmes à l’aumônerie», raconte Christian Vez aumônier à l’école polytechnique fédérale de Lausanne. «Cela arrive en général en fin de semestre quand ils doivent rendre de nombreux travaux et ne savent plus comment gérer cette somme de travail. Les examens par contre, ils y vont, quel que soit leur niveau de préparation.» L’aumônier leur apporte alors une écoute. «Souvent, je ne peux pas leur apporter de solution miracle, mais simplement le fait de parler de leur stress leur fait du bien.»

Un constat que partage Tania Guillaume, aumônier protestante à l’Université de Fribourg: «Pas mal d’étudiants sont en crise 3 semaines avant les examens.» Au bénéfice d’une formation en thérapie brève et en psychologie des profondeurs selon Adler, Tania Guillaume a fait de l’entretien individuel une part importante de son travail d’aumônier à 50%. En 2014, elle a mené 1216 entretiens avec 227 personnes. «Quand les étudiants viennent avant un examen, surtout si c’est leur dernière tentative avant l’échec définitif, on peut faire du coaching, voire une rencontre avec le prof.», raconte-t-elle. «Je me souviens d’un étudiant en droit. Il était issu d’une culture très patriarcale et avait déjà échoué à un examen. Lors d’entretiens avec moi, il a pris conscience que son père étant ouvrier, il craignait, lui, de changer de classe sociale. Il a pu en parler avec son père et a fini par passer son examen haut la main.»

Apprendre à gérer l’échec

Mais parfois, il faut aussi gérer l’échec: «J’ai des techniques d’entretien qui visent à ce que la personne ne soit pas obnubilée par son problème, mais lève le regard pour ensuite définir un objectif compatible avec la réalité.» Elle résume: «Mon rôle c’est d’être avocat de l’espoir».

A l’aumônerie de l’Université de Genève, la période des examens est aussi une période creuse, reconnaît l’aumônier Jean-Michel Perret. «Les étudiants se consacrent à leurs examens. Mais comme nous avons une arcade qui donne sur la rue, nous avons régulièrement des personnes qui n’ont aucun lien avec l’Université qui poussent la porte.»

Difficultés d’intégration

«La particularité de formation comme l’école hôtelière et l’école d’ingénieur est qu’il y a beaucoup de travail en groupe. Les jeunes se soutiennent donc entre eux pour les travaux à rendre. Et les examens se présentent moins comme un obstacle en fin de semestre que dans les universités puisqu’il y a des tests tout au long de l’année», explique Antoine Reymond, aumônier à l’école hôtelière de Lausanne et à la haute école d’ingénierie et de gestion d’Yverdon-les-Bains. «Souvent, c’est à la rentrée que l’on reçoit beaucoup de demandes. Les jeunes se retrouvent parfois seuls en Suisse pour étudier et rencontrent parfois des difficultés d’intégration», raconte l’aumônier. Un constat que fait aussi Tania Guillaume: «Pour les étudiants étrangers, c’est surtout dur le dimanche. Les Suisses rentrent tous chez eux et de nombreux commerces et services sont fermés. C’est pour ça que le dimanche après-midi je suis présente en ville et je vais à la rencontre de ces étudiants.»

«Il y a aussi toute sorte de problèmes administratifs, de permis de travail, par exemple. C’est pourquoi j’avais fait une demande pour que le Centre social protestant puisse organiser des présences sur place. C’est eux qui ont cette expertise», explique Antoine Reymond. «Certains sont très jeunes, ce n’est pas si évident de gérer des choses toutes bêtes comme l’alimentation et le sommeil», raconte Christian Vez qui dispense de nombreux conseils en la matière.