Les évangéliques sont partagés à propos des mesures de Barack Obama sur l’immigration

Les évangéliques sont partagés à propos des mesures de Barack Obama sur l’immigration

Alors que les républicains pressent le président Obama de prendre des mesures restrictives en ce qui concerne la réforme de l’immigration, certains éminents chefs de file évangéliques saluent les mesures du président qui visent à éviter l’expulsion pour environ 5 millions d’immigrés sans-papiers

Photo:CC(by) Nevele Otseog

, Washnington, RNS/Protestinter

Les évangéliques sont un groupe électoral essentiel pour le GOP (Grand Old Party: le parti républicain), mais en ce qui concerne l’immigration, certains sont en train de s’éloigner du parti de manière pragmatique. Parmi leurs chefs de file se trouvent en effet des Hispaniques, tels le pasteur Samuel Rodriguez, qui disent que le temps est venu de résoudre ce qui est devenu «de fait une crise humanitaire» pour des millions d’immigrants.

«Cette mesure miséricordieuse a lieu parce que pendant des années notre gouvernement, sous la direction des deux partis, a lamentablement échoué pour ce qui concerne l’immigration», a dit Samuel Rodriguez, président de la Conférence nationale des dirigeants chrétiens hispaniques. Samuel Rodriguez s’est rendu le vendredi 21 novembre à Las Vegas, pour soutenir le président Barack Obama qui avait annoncé, la veille, des décrets présidentiels permettant la légalisation provisoire du statut des clandestins, leur permettant notamment de travailler. Une mesure contestée par les républicains.

De même, Noel Castellanos, directeur général de l’Association chrétienne de développement communautaire, a salué l’action gouvernementale sur l’immigration, ainsi que le révérend Gabriel Salguero, président de l’alliance nationale évangélique latino. «En tant que pasteurs, nous nous réjouissons de l’allègement des mesures, et appelons le Congrès à fournir des solutions à long terme», a déclaré Gabriel Salguero, qui a effectué des visites au Capitole pour soutenir la réforme.

La «mauvaise approche» pour d’autres croyants

Mais tous les évangéliques ne font pas l’éloge des mesures du président, et ce même s’ils sont convaincus de la nécessité d’une réforme de l’immigration. Russell Moore, l’éthicien baptiste du Sud, qui a encouragé Barack Obama à agir sur l’immigration, a dit dans un article du Time que l’action effective était la mauvaise approche. «Nous pouvons débattre pour savoir si le président a le pouvoir ou non d’entreprendre ces actions de façon unilatérale, mais quoi qu’il en soit, c’est un geste mal avisé et contre-productif», a-t-il écrit.

Une récente enquête de l’institut LifeWay Research a révélé que 91% des évangéliques déclarent que le gouvernement des Etats-Unis devrait se porter garant de l’arrêt de l’immigration clandestine, et que 77% sont d’accord de dire que «les chrétiens ont la responsabilité d’aider les immigrants, même s’ils étaient entrés dans le pays illégalement.»

La Table évangélique de l’immigration (une large coalition d’églises évangéliques en faveur de la réforme sur l’immigration) n’a fait aucun commentaire avant l’annonce officielle du président jeudi dernier.

Mais le pasteur Joel Hunter, pasteur le la méga-church de Floride, un évangélique qui est également conseiller spirituel de Barack Obama, a dit qu’il saluait «l’étape partielle» que le président était en train d’exécuter, même s’il devait encore travailler avec le Congrès sur la réforme globale. «Je me réjouis de cette étape supplémentaire», a déclaré Joel Hunter. «Je ne vois pas cela comme une amnistie. Je la regarde comme une solution partielle à un problème persistant, et je vois sa nécessité en termes humains, dans le but de permettre aux familles de rester ensemble et de sortir les gens de l’ombre.»

Le président ne va pas assez loin

D’autres groupes chrétiens, comme Church World Service (CWS), ont salué la décision du président américain, mais se demandent s’il va assez loin. «Quelque impressionnant que sonne le chiffre de 5 millions de personnes», a dit le révérend John L. McCullough, président et directeur général de CWS, «le nœud du problème réside dans le fait qu’ils sont encore 11 millions… qui attendent avec impatience et qui ont une profonde inquiétude à propos de ce qui va se passer.»

Cet article a été publié dans:

L'édition du 29 novembre 2014 du quotidien genevois Le Courrier.