«Dans la rue, certains adultes sont ivres et violents»

«Dans la rue, certains adultes sont ivres et violents»

Des enfants des rues de Cusco, au Pérou, racontent comment ils ont réussi à retrouver l’espoir grâce à l’apprentissage d’un métier. Dans le cadre dans son forum annuel pour la paix, la fondation Initiatives et Changement donne la parole aux jeunes du 26 juillet au 2 août, à Caux au-dessus de Montreux.

Photo: Alix au Forum annuel de Caux

Par Laurence Villoz

«Je suis un enfant de la rue. Avant, je cirais des chaussures et je dormais dehors. Je n’ai ni père, ni mère», raconte Brian, un adolescent péruvien, lundi 28 juillet à Caux lors du Forum annuel d’Initiatives et Changement. Brian a été accueilli par l’association Qoskomaki qui aide les enfants des rues de Cuzco, une ville de 300’000 habitants à 3400 mètres d’altitude, au sud-est du Pérou. «L’association m’a permis d’apprendre le métier de charpentier, cela me plaît bien et j’ai envie de continuer», ajoute-t-il.

«Nous offrons aux enfants un endroit pour dormir et pour manger. Et nous leur proposons deux formations, boulanger ou charpentier, afin de leur permettre de se construire un avenir et d’arrêter de devoir travailler dans la rue», explique Ricardo, un éducateur de Qoskomaki. Créée en 1990, l’association s’occupe d’environ 300 jeunes de moins de 18 ans. «Nous leur apprenons à se défendre contre l’oppression sociale et grâce à des moments de partage, ils peuvent s’exprimer et construire une relation de confiance entre eux et avec les éducateurs».

Avant d’être accueilli par Qoskomaki, Alix a également passé une partie de sa vie à errer dans Cuzco. «La rue est dangereuse, certains adultes sont ivres ou violents avec nous et souvent la police nous chasse», se rappelle le garçon. «Je dormais dans le froid et je faisais la manche. On n’avait rien à faire, alors j’ai commencé à chanter pour gagner un peu d’argent. La première fois, j’avais vraiment peur de me produire en public.» Alternant entre la musique et la vente de bonbons, Alix arrivait tout juste à survivre. «Je chantais pour attirer les clients et ensuite, je leur vendais des chocolats». Depuis quelque temps, ce jeune Péruvien a quitté la rue et travaille comme serveur dans un restaurant.

25'000 enfants vivent dans les rues de Kinshasa

Si Brian et Alix ont pu retrouver un foyer et apprendre un métier, 25'000 enfants survivent misérablement dans les rues de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo qui compte environ 8,5 millions d’habitants. «Les jeunes se prostituent et dorment dans des maisons abandonnées ou s’abritent dans des carcasses de voitures», explique Rémi, éducateur pour l’association Reejer qui vient en aide aux jeunes de la capitale.

«Nous n’avons de loin pas assez de moyens pour tous les accueillir. L’idéal est de leur permettre de retourner dans leur famille, mais c’est compliqué car elles sont très pauvres. De plus, certains enfants, considérés comme «possédés et portant malheur» sont exclus de leur foyer et dans ces cas, il est impossible de les réintégrer à leur famille». Les collaborateurs de Reejer sillonnent les allées de Kinshasa pour soutenir les jeunes qui sont perpétuellement victimes de violences physiques et psychiques. L’Association leur apporte, également, de la nourriture et des soins médicaux.

Les Apprentis d’Auteuil

Qoskomaki et Reejer travaillent en collaboration avec Les Apprentis d’Auteuil. Créée en 1866 par l’Abbé Roussel, cette fondation catholique française accueille, actuellement en France, 23'000 jeunes en difficulté scolaire, sociale ou familiale. Avec 200 établissements, elle encadre les enfants de la crèche jusqu’à l’apprentissage d’un métier. Au niveau international, la fondation accompagne près de 20'000 jeunes dans 53 pays. «Notre but est de protéger les enfants et de leur permettre d’être acteurs de leur vie», explique Marie-Noëlle Julien, la responsable de plusieurs établissements en région parisienne.

Les rencontres «Les enfants, acteurs de changement de la société» se déroulent pour la deuxième année consécutive à Caux. Organisée par Initiatives et Changement, en collaboration avec l’association Child to Child et la Universal education foundation, cette semaine permet aux jeunes et aux adultes de se rencontrer, d’échanger leurs idées et d’apprendre les uns des autres. Elle s’inscrit dans le Forum annuel pour la paix d’Initiatives et Changement.