Les Eglises protestantes refusent une autorité religieuse nationale

Les Eglises protestantes refusent une autorité religieuse nationale

Les 26 Eglises membres de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse ont donné leur avis sur le projet de révision de la constitution. Si elles sont favorables aux renforcements de leurs liens, elles ne veulent pas d’une organisation ecclésiastique à trois niveaux. La FEPS va élaborer de nouvelles propositions.

«La grande majorité des Eglises souhaite renforcer la visibilité de l’Eglise protestante en Suisse, ce qui est difficile avec les structures actuelles. Il s’agit donc de trouver une manière de le faire», explique Anne Durrer, chargée de communication à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). La proposition d’une direction tripartite répartie entre un Synode, un Conseil et un président fait grincer des dents. Surtout que cette nouvelle répartition des responsabilités impliquerait une constitution fondée sur le droit ecclésiastique, c’est-à-dire que la FEPS – future Eglise protestante de Suisse (EPS) – deviendrait une sorte «d’autorité religieuse suprême». Actuellement, la FEPS est une association d’Eglises qui dépend du droit des associations et n’a donc pas d’autorité sur des questions ecclésiologiques.

«Les Eglises craignent une centralisation du pouvoir», constate Anne Durrer. Actuellement, l’Eglise protestante se situe au niveau cantonal et paroissial, la nouvelle constitution ajouterait un niveau national. «Les membres imaginent une hiérarchie des niveaux, mais ce n’est pas l’idée, aucun niveau n'est mieux que l’autre», précise la chargée de communication. «La crainte des Eglises de faire partie d’un tout est plus élevée que ce que nous avions imaginé».

Un Synode national bien accueilli

Par contre, la création d’un Synode national pour remplacer l’actuelle Assemblée des déléguées a été positivement accueillie. Il compterait davantage de représentants – au moins un par Eglise et communauté membre – et aurait un plus grand rôle stratégique. Par contre, presque tous les membres s’opposent à lui donner une base juridique ecclésiastique. Ils préfèrent l’organisation associative qui est actuellement en place.

Si la majorité des Eglises sont favorables à l’institution d’un Synode national, l’affectation d’un président responsable de la visibilité de la future EPS avec une fonction de ministère spirituel crée le débat. Les Eglises des Grisons, de Glaris, d’Argovie et de Neuchâtel s’y opposent fermement. Alors les membres de l’Eglise de Bâle-Ville et ceux de l’Eglise évangélique méthodiste «sont favorables à un membre de la direction qui représenterait à lui seul les Églises membres et qui porterait par exemple le titre d’évêque, de président, d’antistès ou de modérateur».

«Les résultats sont contrastés. Pour chaque proposition, nous avons toute une palette d’opinions», constate Anne Durrer. Quant à l’introduction d’une journée d’Eglise nationale, elle a satisfait la majorité des membres. En juin 2013, la FEPS a soumis aux directions des 26 Eglises suisses un projet de nouvelle constitution. Les Eglises ont eu jusqu’au 30 novembre 2013 pour faire entendre leur opinion. Tout changement dans la constitution doit être accepté par les 2/3 des voix présentes à l’Assemblée des délégués. L’Assemblée débattra des suites à donner à ce projet lors d’une rencontre au mois de juin.