Rencontre fraternelle sur le Suchet autour du feu de l'Avent

Rencontre fraternelle sur le Suchet autour du feu de l'Avent

Entre 120 et 130 feux ont été allumés dimanche soir à 18h pour marquer l’entrée dans la période de l’Avent. Situés principalement sur des sommets vaudois certains brasiers se trouvaient aussi plus en plaine, ou dans les cantons de Fribourg, du Valais, en France voisine et même… au Québec. Protestinfo a participé à celui du Suchet. Reportage


Notre objectif: allumer un feu, symbole de la lumière de Noël au Suchet. Rendez-vous à 16h30 au pied de la montagne avec des membres du Spéléo-club du Nord vaudois organisateur de ce feu. Le tutoiement est de rigueur alors que l’on choisit les voitures avec lesquelles on pense pouvoir aller le plus loin possible. Vers 17h, les véhicules s’arrêtent un peu en dessus de la Mathoulaz. Le temps de se préparer, il commence à faire nuit, quand la dizaine de participants s’élance dans la neige et le brouillard. Les quelque 50 kg de bois ont été répartis dans les sacs à dos.

Equipés de raquettes et de lampes frontales, la petite troupe grimpe en file indienne durant une petite demi-heure. A 17h45, au dessus du chalet du Rez, on décide de s’arrêter afin que le feu soit prêt pour 18h précise. C’est, en effet, à cette heure là que les feux de l’Avent doivent être allumés selon les directives de l’institution de Crêt Bérard à l’origine de l’événement. «Les premières années, on montait jusqu’au sommet coûte que coûte, racontera plus tard le journaliste Isidore Raposo, participant de la première heure. On a eu allumé le feu à 19h en plein brouillard… mais on était au sommet.»

Les marcheurs piétinent pour tasser la neige, de façon à pouvoir poser le bois prévu pour le feu. Un peu de carton et de liquide allume feu font office de démarreur. Mais la bise joue des tours aux spéléologues, difficile d’obtenir une flamme avec un tel souffle. Après quelques minutes d’acharnement le feu prend.

A 18h, de belles flammes s’élèvent et l’on s’aperçoit alors que le brouillard s’est levé. Magnifique vue sur la plaine et les étoiles. Le groupe essaye d’apercevoir d’autres feux et tente de les situer. Mais la nuit ne facilite pas l’exercice pour les géographes amateurs. Personne n’a le texte préparé par le pasteur de Crêt-Bérard et distribués aux organisateurs de feux de l’Avent pour animer ce moment. Par contre, les biscuits, salamis et thermos de vin chaud et de thé sortent des sacs à dos.

Après presque une heure de confidences autour du feu, les marcheurs entament la redescente. Le chemin du retour est particulièrement rapide, peut-être parce que tous se réjouissent de la suite du programme: la fondue. La bise est alors particulièrement mordante. Un dernier regard vers le feu. Il ne reste que des braises rougeoyantes.

Le feu de l’Avent du Suchet est l’un des plus anciens «Le pasteur Nicole-Debarge, créateur de cette manifestation, cherchait un relais pour ses feux de l’Avent et il s’est approché des rouler-bouler, un groupe yverdonnois d’activités sportives fondé par l’Espoir Romand», explique Isidore Raposo. Depuis ce groupe sportif s’est spécialisé dans la spéléologie puis a fusionné avec un autre groupe spéléo. Né de ce rapprochement, le spéléo-club du Nord vaudois a hérité de l’organisation de ce feu de l’Avent. Son président Philippe Roncière reconnaît qu’avec le temps la vocation chrétienne de cette rencontre s’est estompée, au Suchet, «Mais c’est une tradition à laquelle nous n’imaginerions pas déroger et c’est une rencontre à laquelle les membres sont attachés. Certains qui ne font plus de spéléo continuent à aller allumer le feu, ou au moins à se retrouver après, autour d’une fondue.»

Les feux de l'Avent

«Nous avions monté le bois il y a trois semaines, nous l’avions bâché, pourtant hier soir, impossible d’allumer le feu», racontait lundi Michel Hentsch qui coordonne les feux de l’Avent. Si celui du Sapin à Siméon – en contrebas du Col du Marchairuz – n’a pas scintillé, ils étaient probablement entre 120 et 130 à célébrer l’entrée dans le temps de l’Avent dimanche à 18h. «Les feux de l’Avent ont été créés en 1963 par le pasteur Charles Nicole-Debarge, premier résident de Crêt-Bérard, explique Michel Hentsch. Les premiers feux étaient allumés par des scouts. Il s’agissait d’aller sur des sommets pour qu’ils soient vus le plus loin possible.» Depuis, des paroisses se sont associées au mouvement, et le nombre de feu a augmenté. Ainsi on trouve désormais des feux au bord du Lac Léman et proches de villages. «Ces dernières années le nombre de feux est stable. Certains arrêtent d’autres reprennent», explique Michel Hentsch.vidéo

Feu de l'Avent du Suchet from Joël Burri on Vimeo.